Aperçu du marché : Réseaux d’électricité en transition – Tendances du bouquet énergétique mondial sur 50 ans

Date de diffusion : 2019-05-01

Une transition énergétique correspond à un virage dans le type de sources d’énergie qui font tourner l’économie. Dans le passé, les transitions énergétiques se sont opérées sous l’impulsion de facteurs technologiques, économiques et politiques. Ces mêmes facteurs exercent toujours leur influence sur la transition énergétique que nous connaissons actuellement, mais une volonté de réduire les émissions de gaz à effet de serre (« GES ») à l’échelle mondiale vient s’y ajouter.

Un des piliers de l’actuelle transition énergétique mondiale est la décarbonation du réseau d’électricité. En effet, de nombreux pays délaissent le charbon et le pétrole au profit d’énergies renouvelables, comme le nucléaire et le gaz naturel, pour produire l’électricitéNote de bas de page 1.

Il est possible de produire de l’électricité à partir de nombreuses sources d’énergie. Certaines émettent des GES (charbon, pétrole, gaz naturel), d’autres non (nucléaire, hydraulique, éolienne et solaire). La biomasse, utilisée de façon durable, peut elle aussi être considérée comme étant non émettriceNote de bas de page 2.

Au Canada, l’électricité est principalement produite à partir d’énergie hydrauliqueNote de bas de page 3, suivie par l’énergie nucléaire, qui n’est toutefois utilisée qu’en Ontario et au New Brunswick. Le secteur de l’électricité au Canada, dont 80 % de la production est considérée comme étant non émettrice, figure parmi ceux qui émettent le moins de GES au monde, avec une intensité d’émissionNote de bas de page 4 de près du tiers de la moyenne des autres pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (« OCDE »)Note de bas de page 5.

Le passage à un réseau d’électricité décarboné s’accompagne de défis et de possibilités. Les grandes centrales hydroélectriques et nucléaires peuvent être difficiles à implanter et coûteuses à construire. Toutefois, les énergies renouvelables autres qu’hydrauliques (éolienne, solaire et géothermique, entre autres) font habituellement l’objet de moins de résistance sur le plan économique, réglementaire et public lorsqu’il est question de projets énergétiques à grande échelle. Ainsi, deux indicateurs courants de l’état de la transition énergétique sont le recours accru aux énergies renouvelables (particulièrement autres qu’hydrauliques) et la réduction de la production d’électricité à partir de charbonNote de bas de page 6.

Dans l’histoire de la production d’électricité, la décarbonation grâce au déploiement d’énergies renouvelables non hydrauliques est une tendance relativement récente. Au milieu des années 2000 ou au début des années 2010, de nombreux pays n’avaient franchi que le seuil des 5 % en ce qui concerne la production d’électricité à partir de sources d’énergie renouvelable non hydrauliques. Le charbon et d’autres hydrocarbures demeurent néanmoins d’importantes sources de combustibles servant à la production dans de nombreuses économies. Si la tendance récente indique un déclin de la production à partir de charbon dans nombre d’économies, certains pays demeurent des exceptions, notamment le Japon et la Corée du Sud.

Le graphique interactif compare la production d’électricité sur 55 ans dans les pays membres de l’OCDE et les pays nouvellement industrialisés (dont le Brésil, la Chine, l’Inde et la Russie). Le graphique illustre les progrès réalisés par les pays qui ont intégré des sources non émettrices à leur bouquet énergétique.

Pourcentage de la production d’électricité

Source et description

Source : Banque mondiale et calculs de l’Office

Description : Ce graphique interactif illustre les proportions d’électricité produite à l’échelle nationale, par source de combustible, des pays de l’OCDE et de certains nouveaux pays industrialisés (« NPI ») de 1960 à 2015. Les données de certains pays commencent après 1960. Les sources de combustible indiquées sont : charbon, pétrole, gaz naturel, énergie nucléaire, hydraulique et énergies renouvelables autres qu’hydrauliques. Il est aussi possible d’afficher les données concernant les sources émettrices et non émettrices.

Remarque : La Finlande et l’Estonie ont été exclues en raison de disparités dans les données les concernant.

Au Canada, le pourcentage d’électricité produite à partir du charbon a connu un sommet en 2000 à 20 %. En 2015, ce chiffre avait chuté à environ 10 %. Au cours de cette même période de 15 ans, la part d’électricité produite à partir d’énergies renouvelables autres qu’hydrauliques a bondi de 1,4 % à 6,3 %, et la production à partir de gaz naturel a augmenté de 5,5 % à 10 %.

Aux États-Unis, le charbon constituait 50 % de la composition des sources d’électricité en 1990, proportion qui a fléchi à 34 % en 2015. La part de gaz naturel a augmenté de 12 % à 32 %, tandis que celle des énergies renouvelables autres qu’hydrauliques est passée de 3 % à 7,4 %.

Dans plusieurs pays de l’Union européenne, l’élimination graduelle du charbon et le déploiement d’énergies renouvelables se font encore plus rapidement. En 1990, 97 % de l’électricité produite au Danemark provenait de combustibles fossiles, principalement le charbon. La tranche restante de 3 % provenait de ressources renouvelables autres qu’hydrauliques, surtout l’énergie éolienne. En 2015, le bouquet électrique se composait à 35 % de combustibles fossiles et à 65 % d’énergies renouvelables autres qu’hydrauliques. En 2016, la Belgique est devenue le premier pays de l’Union européenne à éliminer le charbon. De 2000 à 2015, la Belgique a fait passer sa part d’énergies renouvelables autres qu’hydrauliques de moins de 1 % à 21 % et a augmenté la production d’électricité à partir de gaz naturel de 20 % à 33 %. Ces changements sont à l’origine d’une réduction de 50 % de l’intensité d’émission découlant de la production d’électricité dans les deux pays entre 1990 et 2015Note de bas de page 7.

Il est important de souligner que l’électricité est un produit négociable, et que production et consommation ne s’équivalent pas nécessairement. Par exemple, le Canada est un exportateur net d’électricité aux États-Unis et ses exportations proviennent principalement de provinces riches en ressources hydrauliques, soit Terre-Neuve-et-Labrador, le Québec, le Manitoba et la Colombie-Britannique. Ces exportations issues de l’hydroélectricité réduisent l’intensité carbonique de la consommation d’électricité aux États-Unis bien qu’elle ne soit pas comptabilisée dans l’intensité d’émission de la production d’électricité du pays. De même, d’importants échanges commerciaux d’électricité [anglais seulement] ont cours dans toute l’Union européenne. Des exportations de la France, qui utilise l’énergie nucléaire, ou de la Norvège, qui utilise l’énergie hydraulique, viendraient réduire l’intensité carbonique de l’électricité consommée dans les États importateurs voisins dont l’intensité d’émission attribuable à la production d’électricité est élevée. Des exportations de la Pologne, qui utilise le charbon, auraient l’effet contraire, soit d’accroître l’intensité carbonique de l’électricité consommée dans les pays importateurs.

Il y a plusieurs décennies, c’étaient la région et les échanges commerciaux qui déterminaient le bouquet énergétique d’un pays. Les pays où abondaient les combustibles fossiles ou les ressources hydrauliques s’en servaient pour produire de l’électricité. Les pays en manque de ressources achetaient soit de l’électricité des pays voisins, soit des combustibles fossiles ou de l’uranium auprès de centrales nationales. Toutefois, les règles régissant la nouvelle production d’électricité ont changé. Les politiques à l’échelle nationale et internationale mettent de plus en plus de l’avant la décarbonation et, combinées à la baisse des coûts et à l’amélioration des économies d’échelle, appuient la prolifération des énergies éolienne et solaire à l’échelle mondiale.

La décarbonation du réseau électrique n’est qu’un aspect d’une transition énergétique. Le dernier rapport de l’Office national de l’énergie, intitulé Transition énergétique du Canada : Changements passés et à venir dans les filières énergétiques, décrit d’autres éléments qui en font partie. On jette également un regard sur la façon dont la production et la consommation d’énergie mondiales et nationales ont changé dans le passé et dont elles pourraient évoluer dans l’avenir.

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