Aperçu du marché : Avenir énergétique du Canada - Nouvelle analyse de bilan zéro : le rôle de l’accroissement du transport interprovincial d’électricité
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Date de diffusion : 2024-09-18
Le rapport Avenir énergétique du Canada en 2023 (« Avenir énergétique 2023 ») présente les plus récentes perspectives à long terme de la Régie de l’énergie du Canada et les modélise à l’aide de scénarios afin d’explorer la question de savoir à quoi ressemblerait l’atteinte de l’objectif de zéro émission nette de gaz à effet de serre (« GES ») d’ici 2050. Le présent Aperçu du marché propose une nouvelle analyse, fondée sur Avenir énergétique 2023, afin d’explorer l’incertitude liée au transport interprovincial d’électricité. Ni l’analyse présentée dans Avenir énergétique 2023 ni le présent Aperçu du marché ne constituent des prédictions ou des recommandations. Ce sont plutôt des projections fondées sur une série de modélisations énergétiques et économiques effectuées par la Régie. Puisqu’aucune perspective à long terme n’est certaine, les résultats de l’analyse ne devraient pas être examinés comme des résultats définitifs, mais plutôt comme des résultats possibles permettant d’explorer diverses possibilités en matière d’énergie.
Selon les projections du scénario de carboneutralité à l’échelle mondialeNote de bas de page 1 d’Avenir énergétique 2023, la capacité de transport interprovincialDéfinition* d’électricité augmente d’environ 27 % d’ici 2035. Les ajouts projetés à la capacité de transport interprovincial d’électricité favorisent l’accroissement des transferts d’électricité, particulièrement en Colombie-Britannique, en Alberta, en Saskatchewan et au Manitoba. Un grand nombre de provinces se transfèrent de l’électricité l’une à l’autre pour s’assurer d’« équilibrer le réseau »; c’est-à-dire veiller à ce que l’offre d’électricité réponde à la demande des consommateurs.
Figure 1 – Capacité de transport interprovincial d’électricité selon le scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale de la Régie
Source et Description
Source : Avenir énergétique 2023
Données : Nouvelle AE2023 analyse transport interprovincial d'électricité [XLSX 25 ko]
Description : Le diagramme à barres empilées illustre la capacité de transfert maximale des lignes interprovinciales de transport d’électricité en place et les ajouts projetés dans le scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale d’Avenir énergétique 2023. Ces ajouts seraient faits au plus tard en 2035. Les capacités actuelle et projetée de transport interprovincial d’électricité sont illustrées par couloir important. Selon les projections, la capacité combinée de transport interprovincial devrait passer de 12 950 MW à 16 445 MW d’ici 2035, une augmentation de 27 %.
Les lignes de transport interprovincial facilitent les transferts d’électricités entre provinces voisines, particulièrement lorsque la demande est faible ou que la production est excédentaireNote de bas de page 2. Elles contribuent ainsi à équilibrer l’offre et la demande dans toutes les provincesNote de bas de page 3. Dans le scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale, les lignes de transport interprovincial ajoutées jusqu’en 2035 font croître les échanges commerciaux d’électricité entre provinces, lesquels augmenteraient de respectivement 33 % et 18 % d’ici 2040 et 2050 par rapport aux niveaux de 2021. Ces lignes de transport pourraient contribuer à une mise en place optimale d’importantes ressources de décarbonationDéfinition*, comme l’hydroélectricité, l’éolien, l’énergie solaire et le gaz naturel avec captage, utilisation et stockage du carbone ou « CUSC », car elles favoriseraient une installation maximale dans les zones offrant le plus de potentiel sur le plan des ressources. Selon les projections du scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale, la consommation d’électricité double entre 2021 et 2050 et le secteur de l’électricité du pays prend l’expansion nécessaire pour répondre à la demande croissante avec plus de 99 % de sa production provenant de technologies sans émissions ou à faibles émissions.
Que se passera-t-il si aucune nouvelle ligne de transport d’électricité n’est construite?
Le scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale repose sur une modélisation qui tient compte essentiellement de décisions économiques et techniques prises par les intervenants du secteur de l’électricité. Mais qu’en serait-il si d’autres facteurs avaient une incidence sur la modélisation? Pour bien comprendre les effets des ajouts de capacité au réseau d’électricité du Canada dans le scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale, la Régie a récemment analysé ce qui arriverait si aucune nouvelle ligne de transport interprovincial n’était construite, contrairement aux projections de ce scénario. Dans l’analyse de sensibilitéDéfinition*, la capacité de transport interprovincial a été fixée aux niveaux actuels, aucune hypothèse d’expansion n’a été posée pour la période de projection et toutes les autres variables sont demeurées les mêmes que dans le scénario.
Si l’on compare le scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale et l’analyse de sensibilité, on constate que l’absence d’expansion du transport interprovincial n’a qu’une incidence relativement modeste sur les réseaux électriques du Canada dans un avenir carboneutre. Les incidences sont toutefois plus importantes dans les provinces de l’OuestNote de bas de page 4 qu’ailleurs au paysNote de bas de page 5. La capacité de transport réduite dans l’analyse de sensibilité se traduit, en 2050, par une baisse d’environ 25 % des échanges interprovinciaux d’électricité comparativement aux projections du scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale, ce qui signifie que les provinces canadiennes produisent la plus grande part de leur électricité elles-mêmes, particulièrement les provinces de l’Ouest, et que le bouquet énergétique de chacune varie. Par ailleurs, le coût total de la production d’électricité s’accroît légèrement en 2050 dans l’analyse de sensibilité.
Figure 2 – Production d’électricité en Colombie-Britannique, en Alberta, en Saskatchewan et au Manitoba selon la technologie, avec ou sans accroissement du transport interprovincial, dans le scénario de la carboneutralité à l’échelle mondiale en 2050
Source et Description
Source : Avenir énergétique 2023 et nouvelle analyse de sensibilité
Données : Nouvelle AE2023 analyse transport interprovincial d'électricité [XLSX 25 ko]
Description : Le double diagramme à barres empilées illustre la production d’électricité projetée en 2050 dans les quatre provinces de l’Ouest, soit la Colombie-Britannique, l’Alberta, la Saskatchewan et le Manitoba, selon le scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale présenté dans Avenir énergétique 2023, avec et sans nouvelles lignes de transport interprovincial. Le changement le plus important au bouquet énergétique est que dans l’analyse de sensibilité sans accroissement du transport interprovincial, la proportion d’électricité produite à partir de gaz naturel avec CUSC est plus élevée de respectivement 3 TWh et 2,5 TWh en Saskatchewan et en Alberta. En l’absence d’accroissement de la capacité de transport interprovincial, l’Alberta et la Colombie-Britannique tirent une petite part de leur électricité de l’hydrogène, soit 0,6 TWh, en 2050.
L’analyse de sensibilité montre que selon un scénario sans nouvelle capacité de transport interprovincial, il faut recourir à des types de production pouvant répondre rapidement aux besoins, par exemple, à des centrales de moins de 2 000 MW alimentées à l’hydrogène (surtout en Alberta) et à une production à partir de gaz naturel avec CUSC (principalement en Saskatchewan). Dans cette analyse, l’Alberta accuse une baisse de sa production totale d’électricité, principalement en raison d’un recul de la production d’énergie éolienne. À l’opposé, cette production progresse en Colombie-Britannique, ce qui démontre que l’ajout de lignes de transport interprovincial d’électricité facilite la mise en valeur des ressources éoliennes en Alberta selon le scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale.
Dans l’analyse de sensibilité, c’est la production de gaz naturel avec CUSC qui affiche la hausse la plus marquée par rapport au scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale, soit près de 10 % en 2050. Bien que l’analyse de sensibilité projette une hausse relativement forte de la capacité de production d’électricité à partir d’hydrogène, le coût élevé du combustible comparativement à d’autres options fait que ce type de production n’est utilisé que lorsque d’autres sources ne sont pas disponibles; donc, plutôt rarement.
L’importance d’accroître la capacité de transport interprovincial varie d’une province à l’autre et tout au long de la période de projection tant dans le scénario de carboneutralité à l’échelle mondiale que dans l’analyse de sensibilité. Le scénario et l’analyse supposent tous deux une diminution des coûts liés aux technologies sobres en carbone jusqu’en 2050, ce qui favorise la rentabilité de la production d’électricité sans émissions pour les provinces vers la fin de la période de projection. Selon les projections tirées de l’analyse de sensibilité, l’accès aux options de gestion axée sur la demandeDéfinition* est facilité, particulièrement grâce à l’électrolyse pour la production d’hydrogèneDéfinition*Note de bas de page 6. Les options de gestion axée sur la demande pourraient avoir une incidence sur les conditions de la demande de pointeDéfinition* et la faire baisser, ce qui réduirait la nécessité de recourir à des solutions axées sur l’offre, comme l’accroissement de la production ou des transferts d’autres régions.
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